Je n’aurais jamais pensé vivre en Bulgarie un jour … et pourtant. Je suis venue pour une opportunité professionnelle et je suis tombée sous le charme du pays, de ses habitants, de sa culture, de sa proximité avec pleins d’autres pays que j’avais envie de visiter (je rêve de voir les Balkans depuis des années). Etant d’origine méditerranéenne, j’ai retrouvé dans les scènes de vie du quotidien des petites similarités avec mon enfance, j’ai été charmée par l’accueil des locaux et de la communauté des nomades digitaux. En quelques jours, j’avais trouvé mes repères et j’étais comblée. J’ai vite pris la décision de revenir m’installer ici.
Dans cet article, je vous explique pourquoi et comment vivre en Bulgarie en tant que nomade digital. C’est parti !
Où vivre en Bulgarie ? Mon coup de coeur pour Bansko
La Bulgarie attire des nomades dans 4 villes en particulier :
- Sofia, la capitale, pour son niveau de développement élevé et le comfort de vie. On peut y vivre pour 2-3 fois moins qu’à Paris, sortir souvent, avoir ses routines et être à proximité d’un aéroport international ainsi que d’une gare qui dessert de nombreux pays aux alentours (y-compris un train de nuit qui permet d’aller jusqu’à Istanbul pour 50€ environ. Le rêve pour les voyageurs zéro-carbone) ;
- Plovdiv, une ville aux origines très anciennes (6000 av. J-C) qui est une merveille architecturale. Se mélangent ruelles médiévales, mosquées aux façades éblouissantes et buildings de style Ottoman. Dans l’hyper-centre, on trouve un dédale de petites tables et coussins confortables sur lesquels on peut se poser, jusqu’à tard, pour une shopska salad ou un tarator bien frais l’été (deux spécialité à goûter absolument) ;
- Varna est la ville privilégiée pour les amoureux de la mer. Station balnéaire située au bord de la mer Noire, Varna attire de nombreux touristes et nomades. Il paraît même que, parfois, le surf est au rendez-vous !
- Bansko est une station de ski qui connait, depuis quelques années, une grande popularité auprès des nomades digitaux. L’avantage ? Randonnées, faible coût du logement et location aux pieds des pistes. La ville compte 4 espaces de co-working : Coworking Bansko, Alt Space, Bansko Lab (modèle associatif, co-working gratuit à condition de consommer au bar /café sur place) et Four Leaf Clover (co-living avec appartements individuels). C’est ma ville coup de coeur, celle où je me suis installée pour longtemps !
Vivre en Bulgarie pour y gagner en qualité de vie !
Qu’on choisisse Bansko (dans les montagnes), Sofia (la capitale), Plovdiv (l’une des villes les plus anciennes au monde) ou encore Varna (en bord de mer), la Bulgarie regorge de villes et villages avec une qualité de vie extraordinaire. Et pour cause : le coût de la vie est faible, la sécurité est au rendez-vous et le niveau de développement est suffisamment élevé pour permettre d’y trouver tout ce dont on a besoin.
De mon côté, j’ai choisi Bansko pour pouvoir aller faire du ski ou du snowboard avant de travailler, tous les matins. L’été, il y a l’option des visites aux sources d’eaux chaudes, des randonnées en montagne, de faire de l’enduro, du vélo de montagne ou encore des soirées salsa et cela rythme le quotidien.
L’hiver est considéré comme la haute saison et attire des touristes de tous les Balkans. Il est possible d’aller skier ou faire du snowboard tous les jours ! Il est possible de louer du matériel sur place (même des vêtements). Le pass saison est à 750€ (illimité) et permet d’éviter les files d’attentes, parfois longues. En 30 minutes de gondola, on est en haut des pistes (parfaites pour débutants et intermédiaires). Il y a de nombreux lieux pour faire du hors piste, néanmoins les skieurs avancés seront vite limités.
À peine les valises posées, j’avais déjà rencontré des personnes inspirantes et rejoins des communautés. J’ai notamment rejoins Co-working Bansko qui propose un espace de travail partagé et organise des événements tous les jours et week-ends. J’ai aussi participé à des activités avec « Snowboarding Girls Bansko« , une communauté de femmes passionnées par les sports extrêmes.
Nature, aventure et communauté – il n’en fallait pas plus pour me conquérir !
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J’ai aussi divisé par 4 mes coûts fixes (par rapport au Costa Rica, dont je parle ici).
Quel coût de la vie à Bansko (et en Bulgarie ?)
La Bulgarie est le pays le plus pauvre de l’Union européenne et les produits et services locaux sont, pour des personnes ayant des revenus « français », très abordables. Voici un exemple de mon budget :
- Pour 1 personne seule dans un T1 : 390€ de loyer l’hiver (pleine saison) et 290€ l’été. 20€ d’internet fixe, 20€ de téléphonie mobile (50Gb) et 30€ d’eau. Pour l’électricité, il faut compter 100 à 250€ (chauffage électrique qui carbure l’hiver) ;
- Je dépense 40€ par semaine pour les courses et j’achète beaucoup de produits bio, frais, de qualité et je cuisine 80% de mes repas ;
- Un restaurant est entre 10€ et 20€ avec plat et boisson. Il ne faut pas s’attendre à une scène culinaire très diversifiée mais il y a d’excellents restaurants locaux. Pour ceux qui aiment manger à l’extérieur tout le temps, ça peut être répétitif ;
- Le pass ski pour la saison est à 750€ et la location de skis ou snowboard (avec chaussures et binding) est à 200€ la saison entière ;
- La plupart des activités (cours de yoga, de salsa …) sont à 5€ ;
- Il est possible de voyager aux environs pour très peu, notamment de prendre le train de nuit à Plovdiv pour aller à Istanbul, ou d’aller en bus dans un pays européen proche (les îles grecques sont à moins de 3h).
Au final, on vit confortablement pour 1500€ par mois, avec la possibilité d’avoir des loisirs tels que le ski, d’habitude réservés à des personnes plus aisées.
S’installer pour vivre en Bulgarie : comment faire ?
La Bulgarie, ce n’est pas l’espace Schengen (même si ce pays fait partie de l’Union Européenne). Pour y vivre, il faut donc demander la résidence (à ne pas confondre avec la résidence fiscale). Elle est nécessaire pour un séjour de plus de 90 jours (ou alors, il faut sortir puis entrer à nouveau sur le territoire) ou encore pour acheter un véhicule sur place. La résidence n’est pas compliquée pour un citoyen de l’Union Européenne. Il suffit d’avoir une assurance médicale d’un an et d’avoir un bail de location (une adresse) d’un an aussi. La carte de résidence est délivrée pour 5 ans.
La résidence fiscale, quant à elle, est plus complexe. Elle permet de bénéficier d’un taux d’imposition intéressant (10%). Pour cela, il faut être présent sur le territoire 3 à 6 mois par an (selon que l’on soit propriétaire ou locataire) et y avoir le centre de ses intérêts économiques (par exemple, créer son entreprise). Quand on a une entreprise, il y a aussi des cotisations sociales et patronales (environ 30%, plafonnées à +- 500€ par mois), des impôts sur les sociétés (10% des profits).
Bien entendu, il faut se créer son propre système pour se sécuriser car avec ce niveau de cotisations, la protection n’est pas bien élevée. Donc entre les souscriptions à des assurances / mutuelles (j’utilise SafetyWing) et ses propres investissements pour la retraite, ça peut vite chiffrer. La Bulgarie est bien loin de l’image édulcorée d’un paradis fiscal en Europe. On y paie des taxes, certes moins, mais on est aussi livré à soi-même pour les risques de la vie. par contre, le faible coût de la vie permet d’économiser beaucoup plus vite.
Digital Nomad en Bulgarie : quels sont les inconvénients ?
Tout d’abord, la barrière de la langue est très forte. Les jeunes bulgares maîtrisent, pour la plupart, quelques bases d’anglais. Par contre, pour les générations plus âgées, il est difficile de communiquer. Pour s’installer durablement et s’intégrer, il faut forcément apprendre le Bulgare. C’est une langue très difficile. À Bansko, il est possible de prendre des cours particuliers pour 15€ de l’heure environ. Les espaces de co-working organisent, en général, une heure de cours collectif par semaine. J’ai pour objectif d’apprendre le bulgare. À raison de 10-15 minutes d’efforts par jour, je peux désormais lire l’alphabet, écrire des choses simples (mon nom, mon adresse, l’adresse de mon entreprise) et je connais quelques phrases du quotidien. Certaines personnes motivées deviennent bilingues en 1 an.
Ensuite, la monnaie locale n’est pas l’euro. Il s’agit de la LEV bulgare. Si tu souhaites vivre en Bulgarie, tu devras donc ouvrir un compte en banque local et/ou utiliser un compte wise multi-devises pour éviter les frais de conversion trop importants. Les banques locales parlent peu souvent l’anglais et il faudra composer avec l’alphabet bulgare pour remplir certains documents. Il y a beaucoup de distributeurs avec des frais de retrait très élevés (8-10%) à moins d’aller dans ceux des banques (DKS, FIBank…). De mon côté j’utilise N26 (pour mon compte personnel) et Wise (pour mon entreprise et une seconde carte personnelle « au cas où »). Enfin la plupart des commerçants facturent 3-10% en plus pour un paiement en carte ou virement. Je paies même mon loyer en espèces.
Dernière difficulté mais pas des moindres : le sexiste ordinaire est fortement présent en Bulgarie. Par exemple, à Bansko, il y a d’énormes affiches dans la rue qui font la promotion de salles de sports avec … des filles pulpeuses en petit bikini qui portent des altères. C’est assez frustrant de voir des femmes utilisées comme des morceaux de viandes pour vendre tout et n’importe quoi. La Bulgarie est, depuis des décennies, montrée du doigt comme la championne d’Europe catégorie sexisme et les violences domestiques y sont aussi très fortes (cet article des Nations Unies en parle en détails). Il est important de préciser qu’en tant que « touriste » (et femme voyageant seule), je ne me suis jamais sentie en danger. Je rentre seule, en pleine nuit, sans problèmes.
Mon avis sur le nomadisme digital en Bulgarie, et particulièrement à Bansko
Je trouve que Bansko est une destination incroyable pour les nomades :
- qui veulent être au contact de la nature, été comme hiver ;
- ceux qui veulent marcher partout plutôt que de prendre la voiture ou les transports (la ville se traverse en 20 minutes) ;
- ceux qui pratiquent des sports extrêmes (mountain biking, rafting, ski, snowboard) ou qui veulent s’y mettre ;
- ceux qui veulent économiser en réduisant leurs coûts fixes ;
- et ceux qui veulent une base avec un système d’imposition faible tout en restant dans l’Union européenne.
Par contre, Bansko ne sera pas adapté aux nomades :
- qui aiment le dynamisme des centres urbains. Il y a quelques bars qui fonctionnent bien en pleine saison mais ce n’est clairement pas l’endroit où on peut sortir faire la fête, voir des expositions ou aller au cinéma régulièrement. Certains disent même que c’est « un peu mort » ;
- ceux qui veulent des infrastructures au top du top ! Il y a pleins de bâtiments en friche dans la ville, parfois des déchets encombrants dans les rues, des trous dans les trottoirs … de nombreux services ne fonctionnent pas exactement comme ils devraient. Il faut être souple, s’adapter. Cela a son charme, ce n’est pas pour tout le monde ;
- ceux qui n’aiment pas le froid. En montagne, même l’été, les températures chutent rapidement.
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